Ploum.net le blog de Lionel Dricot 2024-11-13T11:33:22.456042Z https://ploum.net/ Ploumhttps://ploum.net Hyperconnexion, addiction et obéissance https://ploum.net/2024-11-13-addiction-hyperconnexion-obeissance.html 2024-11-13T00:00:00Z 2024-11-13T00:00:00Z <h1>Hyperconnexion, addiction et obéissance</h1> <h2 id="soustitre-1">De l’hyperconnexion</h2> <p>Nous sommes désormais connectés partout, tout le temps. J’appelle cela &quot;l’hyperconnexion&quot; (et elle ne passe pas nécessairement par les écrans).</p> <p>Parfois, je tente de me convaincre que mon addiction personnelle à cette hyperconnexion est surtout liée à mon côté geek, que je ne peux généraliser mon cas. </p> <p>Et puis, quand je roule à vélo, je me rends compte du nombre de piétons qui n’entendent pas ma sonnette, qui ne me voie pas arriver (même de face), qui ne s’écartent pas et qui, lorsqu’ils réalisent ma présence (qui va, dans certains cas, jusqu’à nécessiter une tape sur l’épaule), ont un air complètement abruti, comme si je venais de les extirper d’un univers parallèle.</p> <p>Et puis je vois cette mère, dans une salle d’attente, dont la petite fille de deux ans tente vainement d’attirer l’attention « Regarde maman ! Regarde ! ».</p> <p>Et puis je me souviens de cette autre mère qui avait placé sa gamine sur un parapet avec plusieurs mètres de vide en dessous juste pour faire une jolie photo pour Instagram.</p> <p>Et puis je vois cet homme d’affaires dans un costume chic, à l’air très sérieux, qui sort son téléphone pour aligner quelques fruits virtuels durant les trente secondes que dure l’attente de son café ou les quinze secondes d’un feu rouge à un carrefour.</p> <p>Et puis, à vélo, je tente vainement de croiser le regard de ces automobilistes, les yeux rivés sur leur écran, mettent en danger la vie de leurs propres enfants assis à l’arrière.</p> <p>Il est impossible de juger chaque anecdote. Parce qu’il y a plein de justifications qui sont, dans certains cas, complètement valables. Une mère peut juste être épuisée de donner toute son attention à son enfant toute la journée. Elle a le droit de penser à autre chose. Un piéton peut être absorbé dans une conversation téléphonique importante ou dans ses pensées. </p> <p>L’individu a le droit. Mais le problème me semble global.</p> <p>Dans les témoignages que je recueille, le plus difficile pour ceux qui arrivent à se déconnecter, c’est qu’ils se rendent compte de l’addiction des autres. C’est particulièrement frappant dans les couples.</p> <p>Si les deux sont addicts, aucun ne souffre. Mais que l’un tente de regagner un peu de liberté mentale et il découvre que son conjoint ne l’écoute pas. Est inattentif. Gritty décrit ici la douleur de sa déconnexion en remarquant que son épouse ne l’écoute plus, qu’elle écoute en permanence des messages audios. Il n’avait jamais remarqué le problème avant de se déconnecter lui-même.</p> <ul> <li><a href="gemini://gemini.smallweb.space/gemlog/20241011-dropping-off-the-internet.gmi">The Mind and Dropping Off The Internet (gemini.smallweb.space)</a></li> </ul> <p>Je pense à nos enfants. Nous nous inquiétons de l’impact des écrans sur nos enfants. Mais n’est-ce pas avant tout l’impact de l’hyperconnexion sur les parents qui déteint sur les enfants ?</p> <h2 id="soustitre-2">Négocier avec les machines</h2> <p>Et si cette addiction n’était qu’une adaptation à notre environnement ? Car, comme le décrit très bien Gee, on doit désormais passer notre temps à nous adapter aux machines, à négocier avec leur comportement absurde. </p> <ul> <li><a href="https://grisebouille.net/lhdg20-negocier-avec-une-machine/">LHDG20. Négocier avec une machine (grisebouille.net)</a></li> </ul> <p>Négocier, c’est quand tu veux que la machine fasse quelque chose et qu’elle ne veut pas. Mais il y a pire. Les machines donnent des ordres. Les notifications.</p> <p>Il y a évidemment les notifications sur le smartphone qui nécessitent de tout abandonner pour y obéir. Je viens à l’instant de voir mon plombier, à quatre pattes contre un mur ouvert, les deux mains en train de glisser des tuyaux dans une gaine, se contorsionner pour répondre au téléphone. Une enquête de satisfaction. À laquelle il a répondu posément pendant plusieurs minutes, malgré sa position inconfortable.</p> <p>Outre les smartphones, chaque appareil cherche désormais à imposer son fonctionnement. Mon micro-onde bipe de manière très énervante quand il a fini jusqu’au moment où on ouvre la porte. Si tu profites des deux minutes où ta soupe réchauffe pour aller à la toilette, t’es bon pour te farcir un bip sonore dans toute la maison durant toute la durée. Il faut donc attendre et obéir patiemment. C’est encore plus absurde avec le lave-linge et le sèche-linge. Ce n’est pas comme si c’était urgent ! Mention à mon lave-vaisselle qui, lui, ne bipe pas du tout et se contente de s’ouvrir pour dire qu’il a fini, ce qui est une très bonne idée et prouve qu’il est possible de ne pas emmerder l’utilisateur. Sans doute une erreur qui sera corrigée dans la prochaine version.</p> <p>La palme revient à mes, heureusement anciennes, plaques de cuisson qui ne supportaient pas qu’un objet soit posé dessus. Et qui était d’une telle sensibilité que la moindre tache de graisse ou d’humidité entrainait un bruit continu extrêmement irritant pour dire : « Nettoie-moi, humain ! Tout de suite ! ». Oui, même à trois heures du matin si une mouche s’était posée dessus ou si elle avait soudainement détecté un coin de l’éponge de nettoyage.</p> <p>À noter que la même plaque se désactivait lorsqu’elle détectait une goutte de liquide. Oui, même au milieu d’une cuisson. Et, pendant une cuisson, une tache de graisse ou d’eau, c’est quand même fréquent.</p> <p>— Nettoie-moi, humain !<br> — Finis d’abord de cuire mon repas !<br> — Non, nettoie-moi d’abord.<br> — T’es une taque de cuisson, tu peux survivre à une goutte d’eau sur ta surface.<br> — Nettoie-moi !<br> — Mais tu es bouillante, je ne peux pas te nettoyer, je dois d’abord te laisser refroidir.<br> — C’est ton problème, nettoie-moi !<br> — Alors, arrête au moins de sonner le temps que tu refroidisses.<br> — NETTOIE-MOI HUMAIN !</p> <p>Les outils non intelligents sont désormais un luxe.</p> <ul> <li><a href="/2024-02-12-plaisirs-shopping-moderne.html">Les petits plaisirs du shopping moderne (ploum.net)</a></li> </ul> <h2 id="soustitre-3">L’addiction à la suffisance </h2> <p>Lorsqu’on est ingénieur où qu’on a des compétences techniques, on sait comment fonctionnent ces engins. Lorsque, comme moi, on a travaillé dans l’industrie, on peut même percevoir les dizaines de décisions stupides prises par des petits chefs qui ont mené à ce qui est un désastre d’inefficacité. Négocier pendant 4 minutes avec une machine pour faire ce qui devrait prendre une seconde est absurde, énervant, irritant.</p> <p>Mais chez les personnes pour lesquelles la technologie est une sorte de magie noire, j’observe souvent une satisfaction voire une fierté à arriver à contourner les limitations parfaitement arbitraire.</p> <p>Les gens sont fiers ! Tellement fiers d’arriver à faire un truc absurde et contre-intuitif qu’ils s’en vantent voire se proposent de l’enseigner à d’autres. Ils font des vidéos Youtube pour montrer comment ils activent une option de leur iPhone ou comment ils font un prompt ChatGPT. Ils deviennent addicts à cette fierté, cette satisfaction, cette fausse impression de contrôle de la technologie. </p> <p>Ils plongent dans l’hyperconnexion en regardant de haut les pauvres geeks comme moi « qui ne savent pas s’adapter aux nouvelles technologies », ils obéissent comme des moutons aux sirènes du marketing, aux décisions commerciales qui leur imposent une nouvelle interface propriétaire. Ils s’autoproclament &quot;geeks&quot; parce qu’ils passent leur journée sur Whatsapp et Fruit Ninja.</p> <p>Ils pensent apprendre, ils ne font qu’obéir.</p> <p>Les humains sont addicts à l’obéissance aveugle. Ils aiment se soumettre à un pouvoir totalitaire opaque à la condition d’avoir de brefs moments où on leur donne l’illusion d’avoir eux-mêmes du pouvoir.</p> <p>Et sur une chose, ils ont raison : les pauvres rebelles qui luttent pour une liberté dont personne ne veut sont des inadaptés.</p> <ul> <li><a href="https://www.librairiewb.com/agenda-164307/rencontre-avec-ploum-pour-bikepunk-les-chroniques-du-flash-pvh/">On se retrouve entre inadaptés ce jeudi 14 novembre à Paris pour discuter de tout ça ?</a></li> <li><a href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Obey_%26_Conform_2024-07-17.jpg">Photo par Matt Brown</a></li> </ul> <div class="signature"><p>Je suis <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ploum">Ploum</a> et je viens de publier <a href="https://bikepunk.fr">Bikepunk</a>, une fable écolo-cycliste entièrement tapée sur une machine à écrire mécanique. Pour me soutenir, <a href="https://pvh-editions.com/ploum">achetez mes livres</a> (si possible chez votre libraire) !</p> <p>Recevez directement par mail <a href="https://listes.ploum.net/mailman3/lists/fr.listes.ploum.net/">mes écrits en français</a> et <a href="https://listes.ploum.net/mailman3/lists/en.listes.ploum.net/">en anglais</a>. Votre adresse ne sera jamais partagée. Vous pouvez également utiliser <a href="/atom_fr.xml">mon flux RSS francophone</a> ou <a href="/atom.xml">le flux RSS complet</a>.</p> </div> Ploumhttps://ploum.net Rencontres littéraires à Paris, à Louvain-la-Neuve et un bout de contribution aux communs https://ploum.net/2024-11-07-rencontres-et-communs.html 2024-11-07T00:00:00Z 2024-11-07T00:00:00Z <h1>Rencontres littéraires à Paris, à Louvain-la-Neuve et un bout de contribution aux communs</h1> <h2 id="soustitre-1">Paris le 14 novembre</h2> <p>Ce jeudi 14 novembre à 19h, je participerai à une rencontre littéraire à Paris, à la librairie Wallonie-Bruxelles. C’est l’occasion de faire dédicacer un exemplaire de Bikepunk à mettre sous le sapin.</p> <ul> <li><a href="https://www.librairiewb.com/agenda-164307/rencontre-avec-ploum-pour-bikepunk-les-chroniques-du-flash-pvh/">Rencontre avec Ploum pour Bikepunk. Les chroniques du flash (PVH) (www.librairiewb.com)</a></li> </ul> <h2 id="soustitre-2">Louvain-la-Neuve le 10 décembre</h2> <p>Pour les Belges, la rencontre littéraire se déroulera le mardi 10 décembre à 19h dans mon fief de Louvain-la-Neuve, à La Page d’Après, une librairie qui sent bon la librairie. Inscrivez-vous dès à présent en leur envoyant un email.</p> <ul> <li><a href="https://www.lapagedapres.be/">La Page d&#x27;Après (www.lapagedapres.be)</a></li> </ul> <h2 id="soustitre-3">J’irai dédicacer chez vous…</h2> <p>Pour les Bruxellois qui désirent une dédicace avant Noël et qui ne savent pas venir à Louvain-la-Neuve, je vous propose d’aller chercher un exemplaire de Bikepunk à la librairie Chimères et d’y laisser le livre en dépôt avec un petit papier décrivant la dédicace que vous souhaitez. Je dois passer à la librairie fin novembre, je dédicacerai les livres en attente pour que vous puissiez les récupérer plus tard.</p> <ul> <li><a href="https://www.librairie-chimeres.be/">Librairie Chimères (www.librairie-chimeres.be)</a></li> </ul> <p>Bien entendu, la francophonie ne se limite pas à Paris, Bruxelles et Louvain-la-Neuve. Mais je vais là où je suis invité. Ni mon éditeur ni moi ne disposons d’un attaché de presse en France pour nous mettre en relation avec les médias français et de nous placer des séances de dédicaces dans les librairies de l’hexagone.</p> <p>Et c’est là que vous, lecteurices, vous pouvez nous aider !</p> <p>En parlant du livre avec votre libraire et, si intérêt de sa part, en nous mettant en contact pour que nous fixions une date (j’essaie, bien entendu, de combiner les déplacements). Je viendrai avec ma machine à écrire et mon stylo-ploum. Si vous avez des contacts dans des médias indépendants et/ou cyclistes, parlez de nous !</p> <ul> <li><a href="https://re.lire.im/@pvheditions/113333764479371622">Thread Mastodon sur ce que peuvent faire les lecteurs de Bikepunk</a></li> </ul> <p>Merci à vous de poster des photos de vos vélos avec le tag #bikepunk. Ça me fait chaud au cœur à chaque fois ! (merci Vincent Jousse d’avoir lancé la mode !)</p> <ul> <li><a href="https://mastodon.social/tags/bikepunk">#bikepunk sur Mastodon</a></li> </ul> <h2 id="soustitre-4">De l’importance des communs</h2> <p>Bon, maintenant qu’on a évacué les questions administratives, parlons sérieusement : un aspect important que je n’ai pas encore évoqué à propos de Bikepunk est qu’il est sous licence libre (CC By-SA). Il fait donc, dès à présent, partie des communs. Je dois reconnaître que, malheureusement, cela ne semble pas intéresser les médias.</p> <p>Les communs sont un concept parfois difficile à percevoir, que le capitalisme cherche à invisibiliser et qui est pourtant tellement indispensable. Sans n’être jamais nommés, les communs ne me sont jamais apparus plus clairement que dans le roman « Place d’âmes », de Sara Schneider (qui est, bien entendu, lui aussi sous licence libre).</p> <p>Je ne connais rien à l’histoire du Jura suisse. La question ne m’intéresse pas le moins du monde. C’est par pur copinage avec Sara que je me suis lancé dans son « Place d’âmes », un peu à reculon. Sauf que j’ai été happé, aspiré. La question qui anime le livre n’est celle du Jura qu’en apparence. En réalité, il s’agit de protéger nos communs. De protéger nos rebelles, nos révolutionnaires, nos sorcières qui, iels-mêmes, protègent nos communs.</p> <p>Une uchronie historique poétique et actuelle, indispensable. À travers l’histoire du Jura, c’est la planète Terre toute entière que décrit Sara.</p> <ul> <li><a href="https://erdorin.org/place-dames-de-sara-schneider/">Critique de &quot;Place d’âmes&quot;, de Sara Schneider, par Alias (erdorin.org)</a></li> <li><a href="https://pvh-editions.com/product/place-d-ames-papier">Commander « Place d’âmes »</a></li> </ul> <p>D’ailleurs, tant qu’on parle de biens communs, Bruno Leyval commence à mettre ses archives sous licence Art Libre. Parce que l’art est une grammaire, un vocabulaire. En faire un bien commun, c’est donner à chacun le pouvoir de se l’approprier, de le modifier, d’affiner sa perception du monde comme un citoyen acteur et non plus un simple consommateur.</p> <ul> <li><a href="https://libre.brunoleyval.fr/">Libre − Bruno Leyval (libre.brunoleyval.fr)</a></li> </ul> <p>Utilisez, modifiez ces images !</p> <p>Bruno est notamment l’auteur de la couverture de Bikepunk et de l’illustration qui orne ce blog. Elles sont sous licence libre. Vous êtes nombreux à avoir réclamé des t-shirts (on y bosse, promis, ça va prendre un peu de temps).</p> <p>Mais, vous savez quoi ? Vous n’êtes pas obligés de nous attendre. Les images, comme le livre, sont dans les communs.</p> <p>Ils vous appartiennent désormais autant qu’à moi ou à Bruno…</p> <div class="signature"><p>Je suis <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ploum">Ploum</a> et je viens de publier <a href="https://bikepunk.fr">Bikepunk</a>, une fable écolo-cycliste entièrement tapée sur une machine à écrire mécanique. Pour me soutenir, <a href="https://pvh-editions.com/ploum">achetez mes livres</a> (si possible chez votre libraire) !</p> <p>Recevez directement par mail <a href="https://listes.ploum.net/mailman3/lists/fr.listes.ploum.net/">mes écrits en français</a> et <a href="https://listes.ploum.net/mailman3/lists/en.listes.ploum.net/">en anglais</a>. Votre adresse ne sera jamais partagée. Vous pouvez également utiliser <a href="/atom_fr.xml">mon flux RSS francophone</a> ou <a href="/atom.xml">le flux RSS complet</a>.</p> </div> Ploumhttps://ploum.net Ils nous mentent https://ploum.net/2024-10-24-ils-nous-mentent.html 2024-10-24T00:00:00Z 2024-10-24T00:00:00Z <h1>Ils nous mentent</h1> <h2 id="soustitre-1">Le mensonge politicien</h2> <p>Lors de ma campagne électorale pour le Parti Pirate en 2012, j’ai été interpellé dans la rue par un citoyen de ma commune qui me demandait ce que j’allais faire pour sauver son emploi.</p> <p>J’ai été étonné par la question et j’ai répondu sincèrement. Rien ! Rien, car, si je suis élu, je serai conseiller communal dans l’opposition d’une commune qui n’a rien à voir avec l’usine. En fait, tout candidat qui vous prétend le contraire vous ment. Car il ne sait rien faire. L’usine n’est pas sur la commune. </p> <p>— Alors, je ne voterai pas pour vous ! Les autres disent qu’ils feront quelque chose.</p> <p>J’avais expliqué que les autres mentaient, mais la personne préférait un mensonge. L’immense majorité des humains préfère un mensonge réconfortant. Moi qui déteste mentir, qui en suis physiquement incapable, je découvrais à plus de trente balais que certains humains pouvaient mentir droit dans les yeux et que tout le monde semblait apprécier cela (je sais, je suis à la fois naïf et pas très rapide).</p> <p>Par essence, les politiciens mentent parce que ça fonctionne. Et aussi parce qu’ils sont confrontés à plein de groupes mouvants et multiples. Contrairement à ce qu’on croit parfois, la société n’est pas binaire et divisée entre d’un côté les ouvriers et de l’autre les cadres, les étrangers et les « de souche », les automobilistes et les cyclistes, etc. Nous sommes tous dans plein de cases à la fois. Nous sommes incompatibles avec nous-mêmes.</p> <p>Alors, le politicien va dire aux cyclistes qu’il va construire plus de pistes cyclables. Puis aux automobilistes qu’il va construire plus de parkings. Les deux propositions sont contradictoires. Personne ne le remarque même si certaines personnes sont dans les deux assemblées (la majorité des cyclistes étant également automobilistes). Le politicien ment. Il le sait. Il ne peut pas faire autrement. C’est ce qu’on attend de lui. </p> <p>De toute façon, une fois élu, il fera ce qu’il faut faire, ce que la machine administrative le pousse à faire en tentant de légèrement l’influencer selon ses propres intérêts du moment. De toute façon, aux prochaines élections, il pourra raconter n’importe quoi. De toute façon, les personnes intéressées par le « fact checking » sont une minorité qui ne vote pas pour lui.</p> <p>Les politiciens mentent, c’est l’essence même de la politique. Celleux qui tentent de ne pas le faire ne tiennent pas assez longtemps pour acquérir un réel pouvoir. C’est impossible. Dénoncer les mensonges d’un politicien, c’est comme dénoncer l’humidité de l’eau.</p> <p>Mais le mensonge des politiciens reste artisanal, humain. Ils tentent de convaincre chaque électeur en lançant cent propositions toutes contradictoires, mais en sachant que l’humain moyen n’entendra que celle qu’il veut entendre.</p> <p>Secrètement, les politiciens envient tous Trump qui n’a même plus besoin de faire des propositions parce qu’une frange de l’électorat croit entendre ce qu’il veut dans le moindre de ses borborygmes.</p> <p>Mais ce n’est rien face au mensonge industriel, ce mensonge gigantesque, énorme. Celui qui est à la base des plus grosses fortunes de notre ère. Le mensonge qu’on a élevé au rang de discipline universitaire en le parant du nom « marketing ».</p> <h2 id="soustitre-2">Le mensonge de l’industrie</h2> <p>Le mensonge est à la base de toute l’industrie moderne. Les marketeux apprennent à mentir, s’encouragent à le faire à travers des séminaires tout en rêvant de devenir les plus gros menteurs de l’histoire moderne : les dirigeants des multinationales du numérique.</p> <p>Contrairement aux pires industries comme le tabac ou le soda sucré, qui vendent de la merde, mais au moins vendent quelque chose, les CEOs de la Silicon Valley ne cherchent pas à créer une entreprise rentable ou un service utile. Ils nous racontent des histoires, ils inventent des mythes, des mensonges. Nous croyons que c’est une technique marketing au service de leur produit.</p> <p>Mais c’est le contraire : le produit n’est qu’un support à leur histoire, à leur fiction. Le produit doit faire le strict minimum pour que leur histoire reste crédible auprès des gens les plus crédules : les médias.</p> <p>Mark Zuckerberg n’est pas un génie de l’informatique ni de la publicité. Il a simplement réussi à faire croire aux publicitaires qu’il avait inventé la technique publicitaire ultime, un « rayon de contrôle des esprits ». Et il a réussi à faire croire que nous devrions tous être des publicitaires pour bénéficier de son invention (même si nous sommes tous convaincus que le rayon de contrôle ne fonctionne pas sur nous, c’est juste pour les autres).</p> <p>Ça fonctionne parce que c’est comme ça que les CEOs de la Silicon Valley voient toute leur vie : comme un support au mythe qu’ils sont en train de créer. Steve Jobs ne cherchait pas à créer l’iPhone. Il était initialement opposé à l’App Store. Mais il a créé un business qui a fait croire qu’il était un visionnaire et s’est transformé en un dieu immortel dont la biographie s’arrache.</p> <p>Bill Gates n’a jamais créé de système d’exploitation. Il a créé un monde dans lequel tout le monde doit payer Bill Gates pour en avoir un. Il n’était pas spécialement un bon codeur, mais il a réussi à convaincre le monde que partager un logiciel sans le payer était une hérésie. Pour ensuite appliquer son idéologie à la vaccination.</p> <p>Elon Musk n’a pas créé Tesla. Mais il en a transformé l’histoire pour devenir, après coup, un fondateur. Il a inventé le concept d’Hyperloop et l’a promu en sachant très bien que ça ne fonctionnerait jamais, mais que croire que ça pourrait fonctionner empêcherait le développement du train traditionnel qui risquait de faire concurrence à l’automobile individuelle.</p> <p>Ces gens sont, par essence, par définition, des mythomanes. Ils ne sont pas bêtes, ils sont même très intelligents, mais, comme le souligne Edward Zitron, ils ne sont pas du tout intellectuels et n’ont pas la moindre morale. Ils lisent tous les mêmes livres. Ils ne vont jamais au fond des choses. Ils sont fiers de prendre des décisions cruciales en trois minutes. Ils ne sont pas intéressés par la subtilité, par le raisonnement. Ce sont des junkies de l’adrénaline et de l’adulation des foules. </p> <ul> <li><a href="https://www.wheresyoured.at/rockstars/">You Can&#x27;t Make Friends With The Rockstars (www.wheresyoured.at)</a></li> </ul> <p>S’ils lisent le résumé d’un livre de science-fiction, ils trouvent les idées géniales alors même que l’auteur cherchait à nous mettre en garde contre elles. </p> <blockquote> Sci-Fi Author: In my book I invented the Torment Nexus as a cautionary Tale<br> <br> Tech Company: At long last, we have created the Torment Nexus from classic sci-fi novel Don’t Create The Torment Nexus<br> <br> – Alex Blechman<br></blockquote> <p>Ils sont intellectuellement médiocres en tout. Sauf dans la capacité cruciale à se donner une image médiatique, une aura.</p> <p>Et cette image médiatique altère la réalité. Nous leur donnons des sous. Nos gouvernements leur donnent les clés de nos démocraties. Les politiciens vendent un rein pour être pris en photo avec eux. Les journalistes sont tout contents d’obtenir des interviews consensuels alors même que ces milliardaires ont besoin des journalistes pour exister ! Mais comme ils contrôlent les organes de presse, que ce soit en les possédant ou en étant leurs plus gros clients, ils s’arrangent pour que tout journaliste un peu trop malin soit vite évincé.</p> <p>Lorsqu’une entreprise se paye des encarts publicitaires dans les médias, ce n’est pas pour faire de la publicité auprès du grand public, même si c’est un effet secondaire intéressant. Le véritable objectif est de rendre le média dépendant de cette manne financière, d’exercer un pouvoir : si ce que vous publiez ne nous plait plus, on coupe les robinets. Il faut voir la fierté naïve du rédacteur en chef d’un média, pourtant financé en grande partie par l’argent public, lorsqu’il signe un contrat publicitaire avec Google ou Microsoft. </p> <p>Toutes les rédactions saisissent intuitivement ce rapport de force et exercent, parfois inconsciemment, un contrôle sur les journalistes un peu trop indépendants. Qui sont de toute façon trop mal payés pour avoir le temps d’enquêter ou de réfléchir sérieusement et se contentent de relayer, parfois sans même les relire ou les modifier, les « communiqués de presse ». (pour ceux qui l’ignorent, un communiqué de presse est en fait un article pré-écrit que le journaliste peut copier/coller pour atteindre son quota d’articles publiés dans la journée sans trop se fouler)</p> <p>Toute la communication autour d’OpenAI, le fournisseur de ChatGPT, n’est qu’un gigantesque mensonge. Même les investisseurs qui mettent des millions n’obtiennent, en réalité, pas de parts dans l’entreprise, mais « une promesse d’intéressement aux bénéfices futurs ». Or toute personne qui a le niveau mathématique de l’école primaire comprend très vite qu’il est littéralement impossible pour OpenAI de faire un jour des bénéfices. Pire : pour survivre, la société va devoir trouver plus d’investisseurs qu’aucune autre société avant elle dans l’histoire du capitalisme. Et cela, chaque année ! « On dépense tellement d’argent qu’on va bien finir par en gagner et si vous nous donnez votre argent, vous aurez une part lorsque ça arrivera ». Le business OpenAI est la définition d’une pyramide de Ponzi sauf que c’est légal, car écrit noir sur blanc dans le contrat.</p> <ul> <li><a href="https://www.wheresyoured.at/subprimeai/">The Subprime AI Crisis (www.wheresyoured.at)</a></li> </ul> <p>La valeur de la société Nvidia, qui fournit le matériel permettant de faire tourner ChatGPT, approche des 15% du produit intérieur brut des États-Unis. Aucune personne sensée ne peut défendre le fait que quelques puces électroniques représentent presque un sixième de la valeur du travail des États-Unis tout entier. Le fait que Nvidia soit désormais un « investisseur » dans OpenAI démontre qu’ils savent parfaitement qu’il s’agit d’une bulle et qu’ils choisissent de l’autoalimenter. Il est évident que Nvidia et OpenAI nous mentent, en s’étonnant eux-mêmes que ça continue à fonctionner.</p> <p>À ce niveau, j’ai envie de dire que les crétins qui continuent à y croire méritent vraiment ce qui va leur arriver. Et ceux qui, sur LinkedIn, s’émerveillent encore sur l’impact que ChatGPT pourrait avoir sur leur business méritent amplement de porter une pancarte avec écrit « Je suis littéralement le dernier des crétins ».</p> <p>Mais même leurs plus farouches opposants aux milliardaires les prennent au mot et tentent de les affronter dans leurs propres mythologies. Facebook contrôle nos esprits, c’est mal ! ChatGPT va détruire l’emploi, c’est mal ! Bill Gates va mettre des puces 5G dans les vaccins qu’il nous vend ! Ces peurs, fictives, ne font que renforcer la fiction que racontent ceux qui s’imaginent en supervilains à la James Bond et qui sont incroyablement flattés de voir que même leurs ennemis les croient bien plus puissants qu’ils ne le sont en réalité.</p> <p>Pourtant, comme n’importe quelle superstition, comme n’importe quel gourou sectaire, il suffirait d’une simple chose pour détruire ces mensonges. Il nous suffirait d’arrêter de les croire.</p> <p>Il suffirait de leur dire « N’importe quoi ! » en rigolant et en haussant les épaules.</p> <p>Il suffirait d’arrêter de penser que les publicités Facebook/Instagram fonctionnent, d’arrêter de donner du crédit aux métriques qu’ils inventent (les &quot;vues&quot; et les likes&quot;) pour que Méta s’effondre (ces métriques ont été amplement démontrées comme complètement fictives). Il suffirait d’arrêter de croire que les résultats de Google sont pertinents pour qu’Alphabet s’effondre (ils ne le sont plus depuis longtemps). Il suffirait de réaliser les défauts de Tesla et des dangers d’une voiture individuelle connectée pour que la fortune d’Elon Musk fonde comme neige au soleil (fortune qui est basée sur la fiction selon laquelle Tesla vendra plus de voitures que tous les autres constructeurs automobiles chaque année durant toutes les prochaines décennies). Il suffirait de s’arrêter pour réfléchir trente secondes pour réaliser que ChatGPT n’est pas le début d’une révolution, mais la fin d’une bulle.</p> <ul> <li><a href="/2024-04-04-la-bulle-ai.html">Une bulle d’intelligence artificielle et de stupidité naturelle (ploum.net)</a></li> </ul> <p>Mais s’arrêter pour réfléchir trente secondes entre deux notifications est devenu un luxe. Un luxe inimaginable, une difficulté inouïe. </p> <p>Plutôt que de réfléchir à ce que nous voyons, nous préférons cliquer sur le bouton « J’aime » et passer à autre chose. Le mensonge est plus confortable. </p> <p>Chaque fois que nous sortons notre téléphone, nous ne demandons qu’une chose…</p> <p>Qu’ils nous mentent.</p> <div class="signature"><p>Je suis <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ploum">Ploum</a> et je viens de publier <a href="https://bikepunk.fr">Bikepunk</a>, une fable écolo-cycliste entièrement tapée sur une machine à écrire mécanique. Pour me soutenir, <a href="https://pvh-editions.com/ploum">achetez mes livres</a> (si possible chez votre libraire) !</p> <p>Recevez directement par mail <a href="https://listes.ploum.net/mailman3/lists/fr.listes.ploum.net/">mes écrits en français</a> et <a href="https://listes.ploum.net/mailman3/lists/en.listes.ploum.net/">en anglais</a>. Votre adresse ne sera jamais partagée. Vous pouvez également utiliser <a href="/atom_fr.xml">mon flux RSS francophone</a> ou <a href="/atom.xml">le flux RSS complet</a>.</p> </div> Ploumhttps://ploum.net 20 years of Linux on the Desktop (part 1) https://ploum.net/2024-10-20-20years-linux-desktop-part1.html 2024-10-20T00:00:00Z 2024-10-20T00:00:00Z <h1>20 years of Linux on the Desktop (part 1)</h1> <p>Twenty years ago, I had an epiphany: Linux was ready for the desktop.</p> <p>(*audience laughs*)</p> <p>I had been one of those teenagers invited everywhere to &quot;fix&quot; the computer. Neighbours, friends, family. Yes, that kind of nerdy teenager. You probably know what I mean. But I was tired of installing cracked antivirus and cleaning infested Microsoft Windows computers, their RAM full of malware, their CPU slowing to a crawl, with their little power LED begging me to alleviate their suffering.</p> <p>Tired of being an unpaid Microsoft support technician, I offered people to install Linux on their computer, with my full support, or to never talk with me about their computer any more.</p> <p>To my surprise, some accepted the Linux offer.</p> <p>I started to always have two CD-ROMs with me: the latest Knoppix and Debian Woody. I would first launch Knoppix, the first Live CD Linux, make a demonstration to my future victims and, more importantly, save the autogenerated XFree86 config file. I would then install Debian. When X would fail to start after installation, which was a given, I would copy the X config file from Knoppix, install GNOME 2 and OpenOffice from the testing repository and start working on what needed to be done. Like installing and launching ESD by default to allow multiple sounds. Configuring the network which was, most of the time, a USB ADSL modem requiring some proprietary firmware that I would have downloaded beforehand.</p> <p>I would also create some shell scripts for common operations: connect to Internet, mount the USB camera, etc. I put those scripts on the GNOME desktop so people could simply click to launch them. In some cases, I would make a quick Zenity interface.</p> <p>It was a lot of work upfront but, after that, it worked. People were using their computer for months or years without messing or breaking anything. Most of my complains were about running some windows software (like those on CD-ROM founds in cereal boxes).</p> <p>With GNOME 2.0, I felt that Linux was ready for the desktop. It was just really hard to install. And that could be fixed.</p> <h2 id="soustitre-1">The Perfect Desktop</h2> <p>I had my own public wiki (called the FriWiki) with a few regular contributors. On it, I wrote a long text called: &quot;Debian+GNOME=The Perfect Desktop?&quot;. It explained my observations and all the problems that needed to be fixed.</p> <p>As I wanted to improve the situation, I described how the installation should autodetect everything, like Knoppix did. I also suggested to have a LiveCD and an Installation CD that would be totally mirroring each other so you could test then install. In a perfect world, you could install directly from the LiveCD but I didn’t know if it was technically possible. That installation should also offer standard partitions schemes, autodetect and preserve the Windows partition so people would not be afraid of messing their system.</p> <p>Installation was not everything. I suggested that the user created during installation should automatically have root rights. I had learned that two passwords were really too high of a bar for most if not for all people. I don’t remember anyone understanding the &quot;root&quot; concept. Systems with multiple users were too complex to teach so I ended in every case with a single whole family account. The fact that this single account was prevented from doing some stuff on the computer was baffling. Especially for trivial things such as mounting a CD-ROM or a USB key.</p> <p>Speaking of root: installing software could be really more friendly. I imagined a synaptic-like interface which would only display main applications (not all packages) with screenshots, descriptions and reviews. I did some mockups and noted that the hardest parts would probably be the selection and the translation. I’ve lost those mockups but, in my souvenirs, they were incredibly close of what app stores would become years later.</p> <p>I, of course, insisted on installing ESD by default to multiplex sound, to include all the multimedia codecs, lbdvdcss and all possible firmware (called &quot;drivers&quot; at the time) in case hardware is added later. </p> <p>I had pages and pages of detailed analysis of every single aspect I wanted to be improved to make Linux ready for the desktop.</p> <p>With 2.0, GNOME switched to a bi-yearly release. Every six months, a new GNOME desktop would be released, no matter what. I thought it would be a nice idea to have the underlying OS released just after, to be kept in sync. But every six months was probably a bit too much work and people I knew would not upgrade as often anyway. So I advocated for a yearly release where the version number would be the full year. This would greatly help people to understand what version they were running. Like in &quot;I’m running Linux Desktop 2003&quot;.</p> <h2 id="soustitre-2">UserLinux</h2> <p>When you have a good idea, it’s probably because this idea is already in the zeitgeist of the time. I don’t believe in &quot;ownership&quot; or even &quot;stealing&quot; when it’s about ideas. Bruce Perens himself was thinking about the subject. He decided to launch UserLinux, an initiative that had the goal of doing exactly what I had in mind. </p> <p>I immediately joined the project and started to be a very vocal member, always referring to my &quot;Perfect Desktop&quot; essay. I wanted UserLinux to succeed. If Bruce Perens was behind it, it could not not succeed, right?</p> <figure> <a href="/files/userlinux.jpg"><img alt="A mockup of the UserLinux desktop (GNOME 2.0 with a custom theme)" src="/files/userlinux.jpg" width="450" class="center"></a> <figcaption>A mockup of the UserLinux desktop (GNOME 2.0 with a custom theme)</figcaption> </figure> <p>Unfortunately, most of UserLinux people were, like me, talking a lot but not doing much. The only active member was an artist who designed a logo and started to create multiple GNOME themes. It was great. And lots of discussions about how to make the theme even better ensued.</p> <p>This is how I learned about &quot;bike shedding&quot;.</p> <p>UserLinux was the ultimate bikeshedded project. To my knowledge, no code was ever written. In fact, it was not even clear what code should be written at all. After launching the initial idea, Bruce Perens was mostly discussing with us, everybody waiting for someone to &quot;do something&quot;.</p> <h2 id="soustitre-3">No-name-yet</h2> <p>At the start of 2004, I was contacted by Sébastien Bacher, a Debian developer who told me that he had read my &quot;Perfect Desktop&quot; essay months ago and forwarded it to someone who had very similar ideas. And lots of money. So much money that they were already secretly working on it and, now that it was starting to take shape, they were interested in my feedback about the very alpha version.</p> <p>I, of course, agreed and was excited. This is how I joined a mysterious project called &quot;no-name-yet&quot; with a nonameyet.com website and an IRC channel. While discussing about the project and learning it in great depth, my greatest fear was that it would become a fork of Debian. I felt strongly that one should not fork Debian lightly. Instead, it should be more a few packages and metapackages that would sit on top of Debian. Multiple people in the team assured me that the goal was to cooperate with Debian, not to fork it. </p> <p>At one point, I strongly argued with someone on IRC whose nick was &quot;sabdfl&quot;. Someone else asked me in private if I knew who it was. I didn’t.</p> <p>That’s how I learned that the project was funded by Mark Shuttleworth himself.</p> <p>Dreaming of being an astronaut, I was a huge fan of Mark Shuttleworth. The guy was an astronaut but was also a free software supporter. I knew him from the days when he tried to offer bounties to improve free software like Thunderbird. Without much success. But I was surprised to learn that Mark had also been a Debian developer.</p> <p>This guy was my hero (and still kinda is). He represented all of my dreams: an astronaut, a debian developer and a billionaire (in my order of importance). Years later, I would meet him once in the hall of an Ubuntu Summit. He was typing on his laptop, looked at me and I could not say anything other than &quot;Hello&quot;. And that was it. But I’m proud to say that his hackergothi on planet.ubuntu.com is still the one I designed for him as a way to celebrate his space flight.</p> <figure> <a href="/files/sabdfl.png"><img alt="sabdfl’s hackergotchi, designed by yours, truly" src="/files/sabdfl.png" width="450" class="center"></a> <figcaption>sabdfl’s hackergotchi, designed by yours, truly</figcaption> </figure> <p>During the spring or early summer of 2004, I received a link to the very first alpha version of no-name-yet. Which, suddenly, had a real name. And I liked it: Ubuntu. I installed Ubuntu on a partition to test. Quickly, I found myself using it daily, forgetting about my Debian partition. It was brown. Very brown at first. A bit later, it even got naked people on the login screen (and I defended sabdfl for this controversial decision). Instead of studying for my exams, I started to do lengthy reports about what could be improved, about bugs I found, etc.</p> <figure> <a href="/files/old/login.png"><img alt="The first Ubuntu login picture with three half-naked people looking toward the sky. Some alpha versions were with even fewer clothes." src="/files/old/login.png" width="450" class="center"></a> <figcaption>The first Ubuntu login picture with three half-naked people looking toward the sky. Some alpha versions were with even fewer clothes.</figcaption> </figure> <p>This makes me one of the very few people on earth who started to use Ubuntu with 4.04 (it was not named like that, of course).</p> <p>Wanting to promote Ubuntu and inspired by Tristan Nitot, I decided to start a blog.</p> <p>A blog which, coincidentally, was started the very same day the first public Ubuntu was released, exactly twenty years ago. </p> <p>A blog you are reading right now.</p> <p>And this was just the beginning…</p> <p>(to be continued)</p> <blockquote> Subscribe by email or by rss to get the next episodes of &quot;20 years of Linux on the Desktop&quot;.<br> <br> I’m currently turning this story into a book. I’m looking for an agent or a publisher interested to work with me on this book and on an English translation of &quot;Bikepunk&quot;, my new post-apocalyptic-cyclist typewritten novel. <br></blockquote> <div class="signature"><p>As a writer and an engineer, I like to explore how technology impacts society. You can subscribe <a href="https://listes.ploum.net/mailman3/lists/en.listes.ploum.net/">by email</a> or <a href="/atom_en.xml">by rss</a>. I value privacy and never share your adress.</p> <p>I write <a href="https://pvh-editions.com/ploum">science-fiction novels in French</a>. For <a href="https://bikepunk.fr">Bikepunk</a>, my new post-apocalyptic-cyclist book, my publisher is looking for contacts in other countries to distribute it in languages other than French. If you can help, <a href="about.html">contact me</a>!</p> </div> Ploumhttps://ploum.net Bikepunk, les chroniques du flash https://ploum.net/2024-10-15-bikepunk.html 2024-10-15T00:00:00Z 2024-10-15T00:00:00Z <h1>Bikepunk, les chroniques du flash</h1> <blockquote> Vingt ans après le flash, la catastrophe qui a décimé l’humanité, la jeune Gaïa n’a qu’une seule solution pour fuir l’étouffante communauté dans laquelle elle a grandi : enfourcher son vélo et pédaler en compagnie de Thy, un vieil ermite cycliste.<br> <br> Pour survivre dans ce monde dévasté où toute forme d’électricité est impossible, où les cyclistes sont pourchassés, où les jeunes femmes fécondes sont très recherchées, Gaïa et Thy ne pourront compter que sur leur maîtrise du guidon.<br></blockquote> <p>Mon nouveau roman « Bikepunk, les chroniques du flash » est désormais disponible dans toutes les librairies de France, de Belgique ou de Suisse. Ou, en ligne, sur le site de l’éditeur.</p> <ul> <li><a href="https://pvh-editions.com/product/bikepunk">Commander Bikepunk en ligne.</a></li> </ul> <p>J’ai tant d’anecdotes à raconter sur ce projet très personnel, entièrement tapé sur une machine à écrire mécanique et né de ma passion pour l’exploration cycliste. J’ai tant à vous dire sur ma relation avec Gaïa et Thy, sur les chroniques du flash qui jalonnent l’histoire comme des billets de blog issus d’un futur d’où l’électricité, l’essence et Internet ont soudainemnet disparu.</p> <p>Fable écolo-cycliste ou thriller d’action ? Réflexion philosophique ou Mad Max à vélo ?</p> <p>Je vous laisse choisir, je vous laisse découvrir.</p> <p>Mais je dois vous prévenir :</p> <p>Vous risquez de ne plus jamais oser entrer dans une voiture électrique…</p> <p>Bienvenue dans l’univers Bikepunk !</p> <figure> <a href="/files/bikepunk_cover_by_nitot.jpg"><img alt="Couverture du livre Bikepunk : une cycliste en papier recyclé dévale une pente dans une ville dévastée entièrement argentée." src="/files/bikepunk_cover_by_nitot.jpg" width="450" class="center"></a> <figcaption>Couverture du livre Bikepunk : une cycliste en papier recyclé dévale une pente dans une ville dévastée entièrement argentée.</figcaption> </figure> <ul> <li><a href="https://www.alivrouvert.fr/rencontres/2024/1018-ploum/">On se retrouve à Paris vendredi soir pour fêter cela ?</a></li> <li><a href="https://pvh-editions.com/ploum">Retrouvez tous mes livres sur la Ploumerie</a></li> </ul> <div class="signature"><p>Je suis <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ploum">Ploum</a> et je viens de publier <a href="https://bikepunk.fr">Bikepunk</a>, une fable écolo-cycliste entièrement tapée sur une machine à écrire mécanique. Pour me soutenir, <a href="https://pvh-editions.com/ploum">achetez mes livres</a> (si possible chez votre libraire) !</p> <p>Recevez directement par mail <a href="https://listes.ploum.net/mailman3/lists/fr.listes.ploum.net/">mes écrits en français</a> et <a href="https://listes.ploum.net/mailman3/lists/en.listes.ploum.net/">en anglais</a>. Votre adresse ne sera jamais partagée. Vous pouvez également utiliser <a href="/atom_fr.xml">mon flux RSS francophone</a> ou <a href="/atom.xml">le flux RSS complet</a>.</p> </div> Ploumhttps://ploum.net Seuls les fous en tentent l’ascension https://ploum.net/2024-10-11-seuls-les-fous.html 2024-10-11T00:00:00Z 2024-10-11T00:00:00Z <h1>Seuls les fous en tentent l’ascension</h1> <p>Je vous ai déjà parlé de Bruno Leyval, l’artiste qui a réalisé la couverture et l’illustration de Bikepunk ? Mais si, souvenez-vous. J’avais même mis en texte une des ces photos.</p> <ul> <li><a href="/2023-10-12-territoires-perdus.html">Les territoires perdus (ploum.net)</a></li> </ul> <p>J’adore travailler avec Bruno. C’est un grand professionnel qui incarne néanmoins l’archétype de l’artiste fou. Pour le découvrir, je vous conseille cette formidable interview.</p> <ul> <li><a href="https://www.lecoindesdesperados.com/blog/bruno-leyval-interview-zoe-hababou">Bruno Leyval : Interview d&#x27;un Artiste-Guerrier de la Voie de l&#x27;Encre (www.lecoindesdesperados.com)</a></li> </ul> <p>L’artiste est un fou. De cette folie révolutionnaire, nécessaire, indispensable dont Érasme chantait déjà les louanges. Mais la démence dangereuse, elle, est générée par la gloire. Une gloire que Bruno a connue et qu’il a fuie avec un discernement fascinant : </p> <blockquote> J’ai connu les effets de la reconnaissance artistique et je peux te dire qu’il faut être solide dans sa tête pour ne pas basculer dans la folie. Tu te retrouves plongé dans un monde parallèle où tout le monde te lèche le cul et le pire, c’est que c’est agréable !<br></blockquote> <p>C’est le paradoxe de l’artiste : soit il n’est pas reconnu et son message s’éteint, sans grande portée. Soit il devient célèbre et son message se transforme en une infâme mixture à vocation commerciale. Le message est totalement corrompu lorsqu’il atteint le public (qui, de par son adoration idolâtre, est en grande partie responsable de cette corruption).</p> <p>Les pires victimes de cette démence sont sûrement celles qui la connaissent sans avoir la moindre once de folie artistique. Qui sont corrompues dès le départ, car elles n’ont même pas d’autre message que la quête de gloire. Les politiciens.</p> <p>La gangrène de l’humanité est peut-être cette glorification inéluctable de celleux qui sont dans une quête compulsive de gloire, cette mise au pouvoir de ces obsédés de la puissance. Face à cette maladie, l’art et la folie me semblent être les seules manières mener une lutte raisonnable.</p> <p>J’adore Bruno parce que nous sommes complètement différents. Il est chaman, spirituel, mystique, travailleur de ses mains. Je suis un ingénieur hyper rationnel scientifique greffé à un clavier. Chacun empêche l’autre de dormir avec ses ronflements, au propre comme au figuré.</p> <p>Et pourtant, si l’on enlève les déguisements (les peintures corporelles et la tête de bison pour lui, la blouse blanche et l’éprouvette de laboratoire pour moi), on découvre des pensées incroyablement similaires. Nous sommes, tous les deux en train de gravir la même montagne, mais par des chemins opposés.</p> <p>À lire Bruno, à avoir la chance de partager des moments avec lui, je pense que cette montagne s’appelle la sagesse.</p> <p>C’est une montagne dont nul n’a jamais atteint le sommet. Une montagne dont aucun alpiniste n’est jamais revenu vivant.</p> <p>Seuls les fous en tentent l’ascension.</p> <p>Seuls les fous, en ce monde, sont en quête de sagesse.</p> <p>C’est d’ailleurs pour cela qu’on les appelle des fous.</p> <p>En ouvrant le livre Bikepunk, une fois la couverture passée, avant même les premiers tours de roue, avant même la première lettre imprimée, une image, une sensation mystique vous assaillira peut-être comme elle m’assaille moi-même à chaque fois. La folie spirituelle de Bruno qui me renvoie le reflet de ma propre folie mécanico-scientiste. </p> <p>Vous êtes sur le point d’entrer, de partager notre folie. </p> <p>Ça y est, vous êtes fous.</p> <p>Bienvenue sur notre montagne !</p> <ul><li>Illustration : « La montagne sacrée », Bruno Leyval, Creative Commons By-NC-ND 4.0</li> </ul> <div class="signature"><p>Je suis <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ploum">Ploum</a> et je viens de publier <a href="https://bikepunk.fr">Bikepunk</a>, une fable écolo-cycliste entièrement tapée sur une machine à écrire mécanique. Pour me soutenir, <a href="https://pvh-editions.com/ploum">achetez mes livres</a> (si possible chez votre libraire) !</p> <p>Recevez directement par mail <a href="https://listes.ploum.net/mailman3/lists/fr.listes.ploum.net/">mes écrits en français</a> et <a href="https://listes.ploum.net/mailman3/lists/en.listes.ploum.net/">en anglais</a>. Votre adresse ne sera jamais partagée. Vous pouvez également utiliser <a href="/atom_fr.xml">mon flux RSS francophone</a> ou <a href="/atom.xml">le flux RSS complet</a>.</p> </div> Ploumhttps://ploum.net Vélo et machine à écrire, petite eulogie de la satiété https://ploum.net/2024-10-08-eulogie-satiete.html 2024-10-08T00:00:00Z 2024-10-08T00:00:00Z <h1>Vélo et machine à écrire, petite eulogie de la satiété</h1> <p>Et si nous avions assez ?</p> <p>Un des premiers lecteurs de Bikepunk à l’impression de retrouver le personnage de Thy dans Grant Petersen, un fabricant de vélos inusables et anti-compétitifs.</p> <ul> <li><a href="https://www.newyorker.com/magazine/2024/09/23/the-art-of-taking-it-slow">The Art of Taking It Slow (www.newyorker.com)</a></li> </ul> <p>Ça me touche et me rassure quant au message que je tente de porter dans le livre. Grant Petersen pourrait parfaitement arborer l’adage que je mets en conclusion de Bikepunk : « Je ne crains pas la fin du monde, j’ai un vélo ».</p> <p>Le blog de Grant Petersen est passionnant. Dans le dernier billet, on y trouve notamment la photo d’un journal contenant une interview avec José Mujica, l’ancien président de l’Uruguay (celui qui vivait dans sa petite maison et allait accomplir son travail de président à pieds).</p> <ul> <li><a href="https://www.rivbike.com/blogs/grant-petersens-blog/augus-blahg">August SEPT COMBOBLAHG (www.rivbike.com)</a></li> </ul> <p>Une phrase m’a frappé : </p> <blockquote> Prenez l’Uruguay. L’Uruguay compte 3,5 millions d’habitants. Mais importe 27 millions de paires de chaussures. Nous produisons de la merde (garbage) et souffrons au travail. Pour quoi ? <br></blockquote> <p>C’est quelque chose que j’essayais déjà d’articuler dans mon TEDx en 2015, qui est très populaire sur Youtube (mais je n’en tire aucun bénéfice et je vous mets le lien Peertube).</p> <ul> <li><a href="https://indymotion.fr/w/1AT2btrjULGAXcasf5d9oK">Changer le monde sans travailler _ Lionel &#x27;Ploum&#x27; Dricot _ TEDxLiège (indymotion.fr)</a></li> </ul> <p>La production, c’est littéralement transformer notre environnement en déchets (l’étape de consommation intermédiaire étant très limitée). Toutes nos usines, tous nos centres commerciaux, tous nos experts en marketing ne font qu’une chose : tenter de convertir notre planète en déchet le plus rapidement possible. </p> <p>À partir de quand considérerons-nous que nous avons assez ?</p> <p>Le côté &quot;anti-déchet/conçu pour durer&quot; est l’un des aspects qui me passionnent avec les machines à écrire. Elles ne sont plus produites, mais sont tellement résistantes que toutes celles qui ont été produites sont aujourd’hui suffisantes pour alimenter un marché restreint (mais existant).</p> <p>En fait, les machines à écrire ont été tellement produites pour durer que, durant la Seconde Guerre mondiale, les fabricants de machines les rachetaient aux particuliers afin de fournir l’armée qui en avait un gigantesque besoin.</p> <ul> <li><a href="https://pncnmnp.github.io/blogs/typewriter-uncle-sam.html">We’ll buy back your Typewriter ... for Uncle Sam! (pncnmnp.github.io)</a></li> </ul> <p>Je trouve un point commun fascinant entre les réflexions de Grant Petersen sur le vélo, José Mujica sur la politique, Paul Watson sur la faune marine, Richard Stallman sur le logiciel, Richard Polt sur les machines à écrire et même Bruno Leyval sur l’art graphique. Tous, outre le fait que ce sont des hommes blancs barbus, ont refusé le principe même de croissance. Chacun, à son niveau, tente de poser la question : « Et si nous avions assez ? »</p> <p>Ils sont perçus comme extrémistes. Mais n’est-ce pas la quête infinie de gloire et de richesse qui est un extrême morbide ?</p> <p>Dans un idéal poétique, je me rends compte que je n’ai besoin de rien d’autre qu’un vélo, une machine à écrire et une bonne bibliothèque. Marrant, ça me fait justement penser à un roman sur le sujet qui sort le 15 octobre. Je vous en ai déjà parlé ? Vous l’avez déjà précommandé ?</p> <ul> <li><a href="https://www.placedeslibraires.fr/livre/9782889790098-bikepunk-ploum-david-revoy-bruno-leyval/">Commander Bikepunk dans votre librairie (France)</a></li> <li><a href="https://www.librel.be/livre/9782889790098-bikepunk-ploum-david-revoy-bruno-leyval/">Commander Bikepunk dans votre librairie (Belgique)</a></li> <li><a href="https://pvh-editions.com/product/bikepunk">Commander Bikepunk si vous n’avez aucune librairie à proximité</a></li> </ul> <h2 id="soustitre-1">Addendum sur les précommandes de livre</h2> <p>La raison pour laquelle ces précommandes sont importantes est que, contrairement à certains mastodontes de l’édition, mon éditeur PVH ne peut se permettre de financer des piles de 30 livres dans chaque librairie pour forcer les libraires à tenter de les vendre, quitte à en envoyer la moitié au pilon par après (ce qui va arriver à la moitié de l’immense pile de best-sellers dans l’entrée de votre librairie). Pour la plupart des livres moins connus, le libraire ne l’aura donc pas de stock ou en prendra un seul. Ce qui fait qu’un livre peu connu reste toujours peu connu.</p> <p>Si, par contre, un libraire reçoit deux ou trois précommandes pour un livre pas encore sorti, sa curiosité est titillée. Il va potentiellement en commander plus au distributeur. Il va sans doute le lire et, parfois, le mettre en avant (honneur suprême que mon recueil de nouvelles « Stagiaire au spatioport Omega 3000 » a eu la chance de connaître à la chouette librairie/salon de thé Maruani à Paris).</p> <p>Quelques libraires commandant un titre particulier, ça attire l’attention du distributeur et du diffuseur. Qui se disent que le livre a du potentiel et en parle avec les autres libraires. Qui le lisent et, parfois, le mettent en avant. La boucle est bouclée…</p> <p>C’est bien sûr moins efficace que d’imprimer 100.000 exemplaires d’un coup, de les vendre dans les supermarchés et de mettre des affiches partout dans le métro avec des phrases grandiloquentes sorties de nulle part : « Le dernier livre événement de Ploum, le nouveau maître du thriller cycliste ». </p> <p>On est d’accord que les publicités dans le métro, c’est moche. De toute façon, des histoires de machine à écrire et de vélo, ça n’intéresse probablement pas 100.000 personnes (quoique mon éditeur ne serait pas contre…).</p> <p>Mais je pense que ça pourrait vraiment toucher celleux qui aiment flâner dans les libraires, leur vélo adossé à la devanture, et qui pourraient avoir l’œil attiré par une couverture brillante, flashy, sur laquelle se découpe une cycliste chaleureuse en papier recyclé…</p> <p>Celleux qui aiment se poser avec un livre et qui se demandent parfois : « Et si nous avions assez ? »</p> <div class="signature"><p>Je suis <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ploum">Ploum</a> et je viens de publier <a href="https://bikepunk.fr">Bikepunk</a>, une fable écolo-cycliste entièrement tapée sur une machine à écrire mécanique. Pour me soutenir, <a href="https://pvh-editions.com/ploum">achetez mes livres</a> (si possible chez votre libraire) !</p> <p>Recevez directement par mail <a href="https://listes.ploum.net/mailman3/lists/fr.listes.ploum.net/">mes écrits en français</a> et <a href="https://listes.ploum.net/mailman3/lists/en.listes.ploum.net/">en anglais</a>. Votre adresse ne sera jamais partagée. Vous pouvez également utiliser <a href="/atom_fr.xml">mon flux RSS francophone</a> ou <a href="/atom.xml">le flux RSS complet</a>.</p> </div> Ploumhttps://ploum.net Invitation à la sortie du roman Bikepunk et aux 20 ans de Ploum.net https://ploum.net/2024-10-03-invitation-rencontre-20ans.html 2024-10-03T00:00:00Z 2024-10-03T00:00:00Z <h1>Invitation à la sortie du roman Bikepunk et aux 20 ans de Ploum.net</h1> <p>Pour fêter la sortie de son nouveau roman « Bikepunk, les chroniques du flash » le 15 octobre et fêter les 20 ans du blog Ploum.net le 20 octobre, Ploum a le plaisir de convier :</p> <p>.........................(ajoute ici ton nom, ami·e lecteurice)</p> <p>pour une séance de dédicaces, une rencontre et un verre de l’amitié dans deux différents cadres.</p> <h2 id="soustitre-1">Bruxelles, le 12 octobre</h2> <p>Le 12 octobre à partir de 16h à la toute nouvelle librairie Chimères, à Bruxelles.</p> <ul> <li><a href="https://www.librairie-chimeres.be/events/dedicace-ploum-bikepunk/">Dédicace Ploum - Bikepunk (www.librairie-chimeres.be)</a></li> </ul> <p>404 avenue de la Couronne<br> 1050 Ixelles<br> (l’adresse risque d’être introuvable pour les informaticiens)</p> <h2 id="soustitre-2">Paris, le 18 octobre</h2> <p>Le 18 octobre à 17h30 à la librairie À Livr’Ouvert, à Paris</p> <ul> <li><a href="https://www.alivrouvert.fr/rencontres/2024/1018-ploum/">Vendredi 18 octobre - Rencontre fantastique avec Ploum (www.alivrouvert.fr)</a></li> </ul> <p>171b Boulevard Voltaire<br> 75011 Paris</p> <p>Dans les deux cas, l’entrée est libre, famille, amis et accompagnants sont les bienvenus.</p> <p>Tenue cycliste souhaitée.</p> <h2 id="soustitre-3">Ailleurs en francophonie</h2> <p>La francophonie ne se limite pas à Bruxelles ni Paris. Si vous êtes libraires ou si vous connaissez de chouettes librairies indépendantes, commandez-y dès à présent Bikepunk (ISBN : 978-2-88979-009-8) et n’hésitez pas à nous mettre en relation pour organiser une séance de dédicaces. Voire, pourquoi pas, organiser une séance de dédicaces dans un magasin de cycles ?</p> <p>Si vous n’avez pas de librairie à disposition, commandez directement sur le site de l’éditeur.</p> <ul> <li><a href="https://pvh-editions.com/product/bikepunk">Bikepunk (pvh-editions.com)</a></li> </ul> <p>Au plaisir de se rencontrer, en chaîne et en pédales,</p> <p>Bikepunkement vôtre…</p> <div class="signature"><p>Je suis <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ploum">Ploum</a> et je viens de publier <a href="https://bikepunk.fr">Bikepunk</a>, une fable écolo-cycliste entièrement tapée sur une machine à écrire mécanique. Pour me soutenir, <a href="https://pvh-editions.com/ploum">achetez mes livres</a> (si possible chez votre libraire) !</p> <p>Recevez directement par mail <a href="https://listes.ploum.net/mailman3/lists/fr.listes.ploum.net/">mes écrits en français</a> et <a href="https://listes.ploum.net/mailman3/lists/en.listes.ploum.net/">en anglais</a>. Votre adresse ne sera jamais partagée. Vous pouvez également utiliser <a href="/atom_fr.xml">mon flux RSS francophone</a> ou <a href="/atom.xml">le flux RSS complet</a>.</p> </div> Ploumhttps://ploum.net Ode aux perdants https://ploum.net/2024-10-01-ode-aux-perdants.html 2024-10-01T00:00:00Z 2024-10-01T00:00:00Z <h1>Ode aux perdants</h1> <p>Le Fediverse est-il pour les perdants ? se demande Andy Wingo</p> <ul> <li><a href="https://wingolog.org/archives/2024/09/24/fedi-is-for-losers">fedi is for losers (wingolog.org)</a></li> </ul> <p>La question est provocante et intelligente : le Fediverse semble être un repère d’écologistes, libristes, défenseurs des droits sociaux, féministes et cyclistes. Bref la liste de tous ceux qui ne sont pas mis en avant, qui semblent « perdre ».</p> <p>Je n’avais jamais vu les choses sous cet angle. Pour moi, le point commun est surtout une volonté de changer les choses. Or, par définition, si on veut changer les choses, c’est qu’on n’est pas satisfait avec la situation actuelle. On est donc « perdant ». En fait, tout révolutionnaire est, par définition, un·e perdant·e. Dès qu’iel gagne, ce n’est plus un·e révolutionnaire, mais une personne au pouvoir !</p> <p>Être progressiste implique donc d’être perçu comme perdant selon le filtre d’Andy. Le progrès nait de l’insatisfaction. Le monde ne sera jamais parfait, il faudra toujours l’améliorer, toujours lutter. Mais tout le monde n’a pas l’énergie de lutter tout le temps. C’est humain, c’est souhaitable. Lorsque l’énergie me manque, lorsque je ne suis pas un révolutionnaire, je me concentre sur un objectif minimal : ne pas être un obstacle à celleux qui mènent la lutte.</p> <p>Je ne suis pas végétarien, mais lorsqu’un restaurant propose des menus végés, je félicite le personnel pour l’initiative. Ce n’est pas grand-chose, mais, au moins, j’envoie un signal.</p> <p>Si vous n’avez pas la force de quitter les réseaux sociaux propriétaires, encouragez celleux qui le font, ayez un compte sur les réseaux libres, mettez-les au même niveau que les autres. Vous ne serez pas révolutionnaire, mais, au moins, vous ne serez pas un obstacle.</p> <h2 id="soustitre-1">Le coût de la rébellion</h2> <p>Je suis conscient que tout le monde n’a pas le loisir d’être rebelle. J’enseigne à mes étudiants qu’ils vont avoir un des meilleurs diplômes sur le marché, que les entreprises se battent pour les embaucher (je le sais, j’ai moi-même recruté pour mes équipes). Qu’ils sont donc, pour la plupart, immunisés contre le chômage longue durée. Et ce luxe vient avec une responsabilité morale : celle de dire « Non ! » lorsque notre conscience nous le dicte.</p> <p>D’ailleurs, j’ai suffisamment dit « Non ! » (et pas toujours très poliment) pour savoir que le risque est vraiment minime lorsqu’on est un homme blanc avec un beau diplôme.</p> <p>Remarquez que je ne cherche pas à vous dire ce qui est bien ou mal ni comment vous devez penser. C’est votre affaire. Je pense juste que le monde serait infiniment meilleur si les travailleurs refusaient de faire ce qui est contraire à leur conscience. Et arrêtez de vous raconter des histoires, de vous mentir à vous-même. Non, vous n’avez pas une « mission ». Vous cherchez juste à aider à construire un système pour vendre de la merde afin de pouvoir acheter votre propre merde.</p> <p>Après, dire « Non », ce n’est pas toujours possible. Parce qu’on a vraiment quelque chose à perdre. Ou à gagner. Que le compromis moral nous semble nécessaire ou avantageux. Une fois encore, je ne juge pas. On fait tous des compromis moraux. Le tout est d’en être conscient. Chacun les siens.</p> <p>Mais lorsque le « Non » frontal n’est pas possible, il reste la rébellion passive en jouant au plus con. C’est une technique qui fonctionne vraiment bien. Parfois, elle fonctionne même mieux que l’opposition franche.</p> <p>Elle consiste à poser des questions :</p> <p>— C’est légal ça ? Ça me semble quand même étrange, non ?<br> — Tu peux m’expliquer ? Parce que là, j’ai l’impression que c’est vraiment un truc dégueulasse qu’on nous demande, non ? <br> — Ça ne me semble pas très moral pour les clients, la planète. Tu en penses quoi ?</p> <p>Les meilleurs résultats à ce genre de questionnement sont lorsque les deux parties sont prêtes à se laisser convaincre. Mais cela est malheureusement trop rare…</p> <ul> <li><a href="/le-cout-de-la-conviction/index.html">Le coût de la conviction (ploum.net)</a></li> </ul> <h2 id="soustitre-2">Soyez perdants, consommez de la culture indépendante</h2> <p>On peut également être rebelle dans sa consommation et, plus particulièrement, dans sa consommation culturelle. </p> <p>Nous avons le réflexe, pour ne pas paraître un perdant, de vouloir faire comme tout le monde. Si un livre ou un film a du succès, nous l’achèterons plus facilement. Il suffit de voir les « déjà un million de lecteurs » sur les pochettes des best-sellers pour comprendre que ça fait vendre. Je dois être une exception comme me l’ont démontré mes colocs il y a 25 ans :</p> <p>— Hey, vous regardez un film ? C’est quoi ?<br> — Tu n’aimeras pas, Ploum.<br> — Pourquoi je n’aimerais pas ?<br> — Parce que tout le monde aime bien ce film.</p> <p>Les librairies de gare « Relay », propriétés de Bolloré, ont même des étagères contenant le top 10 des meilleures ventes. Notez que ce top 10 est entièrement fictif. Pour en faire partie, il suffit de payer. Les libraires reçoivent les ordres des livres à mettre dans l’étagère. D’une manière générale, je vous invite à questionner tous les « top vente » ou autre « top 50 ». Vous découvrirez à quel point ces classements sont arbitraires, commerciaux et facilement manipulables dès qu’on a un peu d’argent à investir. Parfois, le top est tout simplement une marque déposée, comme les « Produits de l’année ». Il suffit de payer pour appliquer l’écusson sur son emballage (un jour je vous raconterai ça en détail). Sans parler de l’influence de la pub ou des médias qui, même s’ils prétendent le contraire, sont achetés à travers les relations des attachés de presse. Je suis tombé récemment, dans un média du service public belge, sur une critique dithyrambique du film « L’Heureuse Élue ». Je n’ai pas vu le film, mais à voir la bande-annonce, le fait que ce film soit bon me semble extrêmement improbable. Si on ajoute que la critique ne relève aucun défaut, encourage à plusieurs reprises à aller le voir au plus vite, et n’est pas signée, ça fait beaucoup d’indice sur le fait que l’on est face à une publicité (à peine) déguisée (et complètement illégale, sur un média du service public qui plus est).</p> <p>Mais parfois, c’est un peu plus subtil. Voire, dans certains cas, tellement subtil que le journaliste lui-même n’a pas réalisé à quel point il est manipulé (vu les tarifs pour un article, les bons journalistes sont pour la plupart ailleurs). La presse n’est plus qu’une caisse de résonnance publicitaire, essentiellement au bénéfice des sponsors des équipes de foot. Il faut juste en être conscient.</p> <p>Être rebelle pour moi c’est donc choisir volontairement de s’intéresser à la culture indépendante, hors norme. Aller voir des concerts de groupes locaux que personne ne connait. Acheter des livres dans les festivals à des auteurs autoédités. S’intéresser à tout ce qui n’a pas de budget publicitaire.</p> <p>Au dernier festival Trolls &amp; Légendes, j’ai rencontré Morgan The Slug et je lui ai acheté les deux tomes de sa bédé « Rescue The Princess ». Ce n’est clairement pas de la grande bande dessinée. Mais je vois l’évolution de l’auteur au fur et à mesure des pages et, à ma grande surprise, mon fils adore. Les moments que nous avons passés ensemble à lire les deux tomes n’auraient pas été meilleurs avec des bédés plus commerciales. Nous attendons tous les deux le tome 3 !</p> <ul> <li><a href="https://ko-fi.com/morgantheslug/shop">La boutique de Morgan The Slug sur ko-fi.</a></li> <li><a href="https://alternalivre.be/">Alternalivre, une boutique en ligne dédiée aux livres n’ayant pas de distributeur</a></li> <li><a href="https://croafunding.fr/">Croafunding, une librairie physique dédiée à l’auto-édition à Lille</a></li> </ul> <h2 id="soustitre-3">Soyez perdants, cessez de suivre les réseaux propriétaires</h2> <p>Cela fait désormais des années que j’ai supprimé mes comptes sur tous les réseaux sociaux (à l’exception de Mastodon). Je vois régulièrement des retours de gens ayant fait pareil et, à chaque fois, je lis ce que j’ai exactement ressenti.</p> <blockquote> I noticed a low level anxiety, that I had not even known was there, disappear. Im less and less inclined to join in the hyper-polarization that dominates so much of online dialog. I underestimated the psycological effects of social media on how I think.<br></blockquote> <p>(extrait du gemlog de ATYH)<br> </p> <ul> <li><a href="gemini://atyh.net/2022-04-08-leaving-the-net.gmi">ATYH (atyh.net)</a></li> </ul> <p>Le fait d’être toute la journée exposé à un flux constant d’images, de vidéos et de courts textes crée un stress permanent, une volonté de se conformer, de réagir, de se positionner.</p> <p>Le collectif Sleeping Giants démontre ce que c’est d’être abonné aux flux de la fachosphère.</p> <ul> <li><a href="https://blogs.mediapart.fr/sleeping-giants-france/blog/011024/infiltre-dans-la-fachosphere-de-twitterx?at_account=mediapartblogs">Infiltré dans la fachosphère de Twitter/X (blogs.mediapart.fr)</a></li> </ul> <p>Personnellement, je ne trouve pas l’article très intéressant, car il ne m’apprend rien. Tout cela me semble évident, dit et redit. Les fachos vivent dans une bulle où l’on cherche à se faire peur (un noir ou un arabe casse la gueule à un blanc) et à se rassurer (le blanc casse la gueule à l’arabe. Oui, c’est subtil, faut suivre).</p> <p>Mais, sur les réseaux sociaux, nous sommes tous dans une bulle. Nous avons tous une bulle qui nous fait à la fois peur (la politique, les guerres, le réchauffement climatique…) et nous rassure (l’inauguration d’une piste cyclable, les chats qui sont mignons). Nous sommes en permanence en train de jouer au même jeu de montagnes russes émotionnelles et de nous détraquer le cerveau. Afin de mieux consommer pour lutter contre la peur (alarmes, médicaments) ou « se faire plaisir » (t-shirt en coton bio à l’image du nouveau roman de Ploum, si si, ils arrivent).</p> <p>Il n’y a pas une « bonne » façon de consommer, que ce soit physiquement ou l’information. On ne peut jamais « gagner », c’est le principe même de la société d’insatisfaction-consommatrice.</p> <h2 id="soustitre-4">Soyez perdants, regagnez votre vie !</h2> <p>Être rebelle, c’est donc avant tout accepter sa propre identité, sa propre solitude. Accepter de ne pas être informé de tout, de ne pas avoir une opinion sur tout, de sortir d’un groupe qui ne nous correspond pas, de ne pas se mettre en avant tout le temps, de perdre toutes ces micro-opportunités, essentiellement factices, de créer un contact, de gagner un follower ou un client.</p> <p>Donc, oui, être rebelle, c’est vu comme perdre. Pour moi, c’est avant tout ne pas accepter aveuglément les règles du jeu.</p> <p>Être un perdant, aujourd’hui, c’est peut-être la seule manière de regagner sa vie.</p> <div class="signature"><p>Je suis <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ploum">Ploum</a> et je viens de publier <a href="https://bikepunk.fr">Bikepunk</a>, une fable écolo-cycliste entièrement tapée sur une machine à écrire mécanique. Pour me soutenir, <a href="https://pvh-editions.com/ploum">achetez mes livres</a> (si possible chez votre libraire) !</p> <p>Recevez directement par mail <a href="https://listes.ploum.net/mailman3/lists/fr.listes.ploum.net/">mes écrits en français</a> et <a href="https://listes.ploum.net/mailman3/lists/en.listes.ploum.net/">en anglais</a>. Votre adresse ne sera jamais partagée. Vous pouvez également utiliser <a href="/atom_fr.xml">mon flux RSS francophone</a> ou <a href="/atom.xml">le flux RSS complet</a>.</p> </div> Ploumhttps://ploum.net Les vieux cons (ou L’humaine imperfection de la perfection morale) https://ploum.net/2024-09-23-vieuxcons.html 2024-09-23T00:00:00Z 2024-09-23T00:00:00Z <h1>Les vieux cons (ou L’humaine imperfection de la perfection morale)</h1> <h2 id="soustitre-1">Idéaliser nos idoles</h2> <p>L’écrivain de SF John Scalzi réagit au fait que certaines personnes semblent faire de lui une idole, surtout depuis que Neil Gaiman est accusé d’agressions sexuelles. Son argument principal : tous les humains sont imparfaits et vous ne devriez prendre personne pour idole. Et surtout pas ceux qui le souhaitent.</p> <ul> <li><a href="https://whatever.scalzi.com/2024/08/15/please-dont-idolize-me-or-anyone-really/">Please Don’t Idolize Me (or Anyone, Really) (whatever.scalzi.com)</a></li> </ul> <p>Ce qui est intéressant, ce que nous avons tendance à idéaliser les personnes que nous suivons en ligne et qui font des choses que nous aimons. Je ne suis pas le millionième de John Scalzi, mais, à mon échelle, j’ai constaté parfois certaines réactions effrayantes. Comme lorsqu’un lecteur qui me rencontre s’excuse auprès de moi d’utiliser un logiciel propriétaire.</p> <p>Mais bon sang, j’utilise aussi des logiciels propriétaires. Je lutte pour le logiciel libre, mais je ne suis (heureusement) pas Richard Stallman. Je cède comme tout le monde à la praticité ou à l’effet de réseau. C’est juste que j’essaye de conscientiser, de dénoncer la pression sociale. Mais, comme tout le monde, je suis très imparfait. Lorsque j’écris sur mon blog, c’est à propos de l’idéal que je souhaite atteindre au moment où j’écris, pas ce que je suis. Retenez également qu’un idéal n’est pas censé être atteint : il n’est qu’un guide sur le chemin et doit pouvoir être changé à tout moment. Un idéal gravé dans le marbre est morbide. Ceux qui vous font miroiter un idéal sont souvent dangereux. </p> <h2 id="soustitre-2">L’hypocrisie de la perfection publique</h2> <p>D’une manière générale, les combats d’une personne sont très révélateurs de son obsession. Les homophobes sont souvent des homosexuels refoulés. Les scandales sexuels touchent le plus souvent ceux qui ont une image publique de rigueur. Personnellement, je parle beaucoup des dangers de l’addiction aux réseaux sociaux. Je vous laisse deviner pourquoi le sujet m’obsède à ce point…</p> <p>Je me reconnais également dans ce que Scalzi raconte au sujet des conventions et des conférences : tout le monde le trouve sympa et puis, en rentrant chez lui, il s’écroule et s’enferme dans sa solitude. Je fais exactement pareil. J’ai un personnage public très différent du Ploum privé. Ma femme déteste le Ploum public : « Tu es plus sympa avec tes lecteurs qu’avec ta propre famille ! ».</p> <h2 id="soustitre-3">Les zones d’ombre de chaque être humain</h2> <p>Je déteste également cette propension à sur analyser la perfection d’un individu, surtout à travers ses supposés liens sociaux. Combien de fois n’ai-je pas entendu que « Tu as partagé ce texte de machin, mais sais-tu que machin a lui-même partagé des textes de untel et que untel est en fait très limite au niveau de l’antisémitisme ? »</p> <p>Réponse : non, je ne le sais pas. Et je n’enquête pas sur toutes les personnes qui publient parce que toutes, sans exception, ont leurs zones d’ombre, leurs erreurs de jeunesse, leurs œuvres qui appartiennent à une époque, mais ne sont plus du tout acceptables aujourd’hui.</p> <p>Personne n’est parfait. Si je partage un texte, c’est pour le texte. Parce qu’il me parle et je le trouve intéressant. Le contexte peut parfois apporter une compréhension plus fine, mais je ne veux et ne peux pas juger les individus sur leur passé, leurs agissements ou toute information que je peux entendre sur eux. Je ne suis pas juge. Je ne condamne ni ne cautionne qui que ce soit en partageant des œuvres.</p> <p>Si vous jugez les gens, je suis certain que, dans les 900 billets de ce blog, s’en trouve au moins un qui vous choquera et me condamnera définitivement à vos yeux. Oui, Bertrand Cantat est un con coupable de féminicide. Oui, j’adore et j’écoute Noir Désir presque tous les jours.</p> <h2 id="soustitre-4">Paul Watson</h2> <p>Paul Watson a été arrêté. Depuis des années, il est accusé d’écoterrorisme.</p> <ul> <li><a href="https://contre-attaque.net/2024/07/22/paul-watson-le-fondateur-de-sea-shepherd-arrete-au-danemark/">Paul Watson, le fondateur de Sea Shepherd arrêté au Danemark (contre-attaque.net)</a></li> </ul> <p>J’ai tant à dire, mais, pour ne pas me répéter, je vous invite à relire ce que j’avais écrit suite à la lecture de son livre.</p> <ul> <li><a href="/2024-02-23-culture-ecologie-pirates-metabullshit.html">Lectures : utopies, écologie, pirates et meta-bullshit (ploum.net)</a></li> </ul> <p>Oui, Paul Watson est copain avec Brigitte Bardot qui est elle-même copine avec Jean-Marie Le Pen qui est un gros con. Il n’empêche que je soutiens le combat de Paul Watson pour préserver les océans. Ce combat me semble juste et important. J’ai l’impression que Paul Watson défend réellement les intérêts de la faune marine. Je peux évidemment me tromper, mais c’est ma position aujourd’hui.</p> <h2 id="soustitre-5">Les médias mentent et déforment tout</h2> <p>J’insiste sur le sujet, car, comme je vous l’ai dit, j’ai lu le livre de Paul Watson et ne peux que constater que les médias déforment complètement des propos ou des passages dont je me souviens particulièrement. </p> <p>Dans la même veine, la professeure Emily Bender décrit comment ses propos ont été déformés sur la BBC pour transformer son discours &quot;démystification de chatGPT&quot; en &quot;l’AI c’est le futur&quot;.</p> <ul> <li><a href="https://buttondown.com/maiht3k/archive/correcting-the-record/">Correcting the Record (buttondown.com)</a></li> </ul> <p>J’ai un jour vécu une expérience similaire. Une télévision belge voulait m’interviewer sur un sujet d’actualité informatique. Le rendez-vous était fixé et le journaliste m’appelle une heure avant pour préparer son sujet. Au téléphone, il me pose quelques questions. Je réponds et il rephrase mes réponses de manière à dire exactement l’inverse. Je crois à une incompréhension. Je lui signale. Il insiste. Le ton monte légèrement.</p> <p>– Ce n’est pas du tout ce que j’ai dit. C’est même exactement l’inverse.<br> — Mais moi j’ai besoin de quelqu’un qui dise cela.<br> — Mais c’est faux. Je suis l’expert et c’est que vous voulez dire est complètement faux.<br> — C’est trop tard, tout notre sujet a été préparé en ce sens, il faudra adapter votre discours.<br> — Si vous savez déjà ce que vous voulez que je dise, vous n’avez pas besoin de m’interviewer. Au revoir.</p> <p>Je n’ai plus jamais eu de nouvelles de ce journaliste ni même de cette chaîne.</p> <p>Méfiez-vous de ce que disent les experts dans les médias. Parfois, le désir de passer à la télévision est plus fort que le souci de véracité. Parfois, on s’autojustifie en disant &quot;au moins, on va faire passer un message dans le bon sens même s’il est un peu falsifié&quot;. Mais le montage final, l’englobage dans un sujet plus large ou la musique d’ambiance déformeront définitivement les propos.</p> <p>Dès que vous connaissez un peu un domaine, vous vous rendez compte que tout ce qui est dit est dans les médias grand public est complètement faux. À un tel point qu’un article qui est vaguement juste est souvent souligné par les experts du domaine. C’est tellement rare !</p> <p>Souvenez-vous-en à chaque fois que vous lisez un article dans un média grand public : ce que vous lisez est complètement faux, mensonger et a été écrit par une personne qui ne comprend rien au domaine et est payé pour générer du clic sur les publicités. </p> <h2 id="soustitre-6">L’exemple éclairant des zones bleues </h2> <p>Un exemple qui illustre très bien cela sont ces fameuses « zones bleues », des régions d’Italie, de Grèce ou du Japon où pulluleraient les supercentenaires. Les médias parlent souvent de ces régions où vivre jusque 110 ans semble être la norme, avec des articles qui vantent l’huile d’olive ou la vie rurale en communauté, le tout illustré par de souriants vieillards assis sur un banc au soleil.</p> <p>Et bien le professeur Saul Justin Newman vient de percer le secret de ces zones bleues et d’obtenir pour cela le prix « Ig Nobel » (un prix qui récompense les recherches les plus absurdes). </p> <p>Pourquoi un Ig Nobel ? Parce qu’il a découvert que le secret de ces zones est tout simplement que 80% des supercentenaires sont… morts. Les autres n’ont pas de certificats de naissance.</p> <p>Ces « zones bleues » sont souvent les régions où tout semble encourager et faciliter la fraude à la pension.</p> <ul> <li><a href="https://theconversation.com/the-data-on-extreme-human-ageing-is-rotten-from-the-inside-out-ig-nobel-winner-saul-justin-newman-239023">‘The data on extreme human ageing is rotten from the inside out’ - Ig Nobel winner Saul Justin Newman (theconversation.com)</a></li> </ul> <p>Je vous parie que cette recherche restera confidentielle. Les médias continueront à nous vanter l’huile d’olive pour vivre jusqu’à 110 ans et nous parler du « mystère » des zones bleues. Parce que la réalité n’est pas intéressante dans un programme de divertissement à vocation publicitaire.</p> <p>Comme le disait Aaron Swartz: je déteste les actualités !</p> <ul> <li><a href="http://www.aaronsw.com/weblog/hatethenews">I Hate the News (Aaron Swartz&#x27;s Raw Thought) (www.aaronsw.com)</a></li> </ul> <h2 id="soustitre-7">Pensées pour Aaron</h2> <p>Un excellent article de Dave Karpf qui m’apprend que Sam Altman, l’actuel CEO derrière ChatGPT, était dans l’incubateur de startup YCombinator en même temps qu’Aaron Swartz. Sur la photo de 2007, ils sont littéralement épaule contre épaule. La photo m’a arraché une larme de tristesse et une autre de colère.</p> <figure> <a href="/files/aaronycombinator.jpg"><img alt="Aaron Swartz, Sam Altman and Paul Graham in YCombinator 2007" src="/files/aaronycombinator.jpg" width="450" class="center"></a> <figcaption>Aaron Swartz, Sam Altman and Paul Graham in YCombinator 2007</figcaption> </figure> <ul> <li><a href="https://davekarpf.substack.com/p/paul-graham-and-the-cult-of-the-founder">Paul Graham and the Cult of the Founder (davekarpf.substack.com)</a></li> </ul> <p>Aaron Swartz voulait libérer la connaissance. Il avait créé un script pour télécharger, à travers le réseau de son université, des milliers d’articles scientifiques. Soupçonné de le faire afin de les rendre publics illégalement, il a été poursuivi en justice et risquait… des décennies de prison ce qui l’a poussé au suicide. Notez qu’il n’a finalement jamais rendu ces articles publics, articles financés par les contribuables, soit dit en passant.</p> <p>Aujourd’hui, Sam Altman aspire un milliard de fois plus de contenu. Tous les contenus artistiques, tous vos messages, tous vos emails et, bien sûr, tous les articles scientifiques. Mais, contrairement à Aaron, qui le faisait pour libérer la connaissance, Sam Altman a un motif beaucoup plus correct. Il veut gagner de l’argent. Et donc… c’est acceptable.</p> <p>Je n’invente rien, c’est réellement l’argument de Sam Altman.</p> <ul> <li><a href="https://futurism.com/the-byte/openai-copyrighted-material-parliament">OpenAI Pleads That It Can’t Make Money Without Using Copyrighted Materials for Free (futurism.com)</a></li> </ul> <p>On enferme les militants écolos, les défenseurs de baleines. On décore les CEO des grosses entreprises qui détruisent la planète le plus vite possible. En fait, je crois que je commence à voir comme une sorte de fil rouge…</p> <p>Le problème, comme le souligne Dave Karpf, c’est qu’YCombinator est rempli de gens qui rêvent et veulent devenir… comme Sam Altman. Devenir un rebelle qui se suicide ou qui est envoyé en prison ne fait envie à personne. </p> <p>À un moment de ma vie, baigné dans l’environnement « startups », j’ai moi-même essayé de devenir un « entrepreneur à succès ». Intellectuellement, je comprenais tout ce qu’il fallait faire pour y arriver. Je me disais « Pourquoi pas moi ? ». Mais je n’y arrivais pas. Je n’étais pas capable d’accepter ce qui ne me semblait pas juste ou parfaitement moral. Peut-être que je partage un peu trop de points de communs avec Aaron Swartz (surtout les défauts et les spécificités alimentaires, un peu moins le génie). </p> <p>Et bien tant pis pour le succès. Aaron, chaque fois que je pense à toi, les larmes me montent aux yeux et j’ai envie de me battre. Tu me donnes l’énergie pour tenter de changer le monde avec mon clavier.</p> <p>Je n’espère pas y arriver. Mais je n’ai pas le droit d’abandonner.</p> <p>Dave, dans ton article tu te plains que tout le monde veut devenir Sam Altman. Moi pas. Moi plus. J’ai grandi, j’ai muri. Je veux (re)devenir un disciple d’Aaron Swartz. Lui, je peux en faire un modèle, une idole, car il n’a pas eu la chance de vivre assez longtemps pour développer ses zones d’ombre, pour devenir un vieux con.</p> <p>Un vieux con comme celui vers lequel l’entropie cérébrale me pousse chaque jour un peu davantage.</p> <p>Faut dire que pour taper ses billets de blog dans Vim et ses romans sur une machine à écrire mécanique, faut vraiment être un vieux con…</p> <p>Je réalise d’ailleurs que les héros de mon prochain roman sont une jeune rebelle et un vieux con. En fait, c’est pas si mal de devenir un vieux con rebelle… (sortie le 15 octobre, vous pouvez déjà commander dans votre librairie l’EAN 9782889790098) </p> <div class="signature"><p>Je suis <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ploum">Ploum</a> et je viens de publier <a href="https://bikepunk.fr">Bikepunk</a>, une fable écolo-cycliste entièrement tapée sur une machine à écrire mécanique. Pour me soutenir, <a href="https://pvh-editions.com/ploum">achetez mes livres</a> (si possible chez votre libraire) !</p> <p>Recevez directement par mail <a href="https://listes.ploum.net/mailman3/lists/fr.listes.ploum.net/">mes écrits en français</a> et <a href="https://listes.ploum.net/mailman3/lists/en.listes.ploum.net/">en anglais</a>. Votre adresse ne sera jamais partagée. Vous pouvez également utiliser <a href="/atom_fr.xml">mon flux RSS francophone</a> ou <a href="/atom.xml">le flux RSS complet</a>.</p> </div>